Soirée Document’R – Le quartier des Girondins : une réalité coopérative ?

Jeudi 8 février dernier, le R, espace ouvert géré par Résidétape dans le quartier Gerland à Lyon, organisait une deuxième soirée Document’R

Publié le 27 février 2024

La soirée a débuté par la projection du documentaire de Cécile Boutain, “Les Barges ? – Vieillir ensemble… et autrement”, sur la coopérative “Chamarel les Barges” à Vaulx-en-Velin. Ce documentaire, qui met bien en valeur la dimension humaine du projet, mais aussi sa capacité à répondre aux aspirations et besoins des personnes.

Ce documentaire a permis d’évoquer différents aspects de l’habitat coopératif, en guise d’introduction aux échanges de la table ronde qui a suivi, autour de deux projets d’habitat coopératif sur des fonciers de la ZAC des Girondins à Lyon 7ème, les ilots 7 et 8, fléchés par la collectivité vers ce type d’habitat.

Animée par Espacité, la table-ronde rassemblait Boris Miachon-Debard adjoint à l’urbanisme et à l’aménagement Lyon 7ème, François Trichet, directeur de projet à la SERL, l’aménageur de la ZAC, Lionel Pancrazio, Enseignant Chercheur à Sorbonne Université, Benjamin Pont, d’Habitat et partage, représentant le collectif La Canopée sur l’îlot 8 et des porteurs du projet d’habitat coopératif sur l’ilot 7, accompagné par Cap Habitat Coopératif. Habicoop AURA participait également à ce temps d’échanges.

Cette table-ronde a permis de mettre en lumière les différentes formes d’émergence de projet et l’importance de leur accompagnement. Cet accompagnement permet notamment de « former » les futurs habitants, dont l’implication est essentielle pour mener à bien le projet, sur des sujets qui peuvent paraître a priori relativement techniques. Comme dans le documentaire, le rôle d’un noyau dur de futurs habitants a été souligné, sans que cela ne soit non plus une condition indispensable : la question qui se pose est de trouver les bonnes solutions pour permettre au collectif de durer, pour le faire vivre avec des personnes qui vont nécessairement partir et d’autres arriver. La question de l’accès au foncier est clé : la situation des deux projets sur la ZAC des Girondins est plus favorable, car il s’agit de fonciers maîtrisés dans le cadre de la ZAC, qui peuvent être rendus plus accessibles aux projets dans le cadre de l’équilibre global de la ZAC. L’évolution des conditions économiques, avec la hausse des coûts de construction, constitue cependant un défi pour les projets à l’heure actuelle. Différents modèles peuvent ensuite se mettre en place, autour du principe suivant : le ménage détient des parts dans la coopérative qui est propriétaire de l’immeuble (ou de la partie d’immeuble) et paie ensuite un loyer à la coopérative pendant la durée de son occupation. Une originalité pour le projet de l’ilot 8 : il couple un montage en coopérative avec la mobilisation d’un Bail réel solidaire, avec la Foncière Solidaire de la Métropole de Lyon, une première en France.

Au-delà de ces enjeux techniques et économiques, les échanges ont mis en lumière l’expérience humaine et le partage fort de valeurs au sein des projets : les porteurs de projets et futurs habitants ont souligné leur volonté de s’inscrire dans ces projets par adhésion avec des valeurs partagées et par l’envie de s’impliquer de manière forte dans leur habitat, depuis sa conception. C’est aussi le caractère anti-spéculatif de l’habitat coopératif qui a été souligné, et son caractère démocratique, notamment au travers du principe 1 ménage = 1 voix, quel que soit la part du capital détenu.

La table-ronde a permis d’aborder la question de l’appui que peuvent apporter les collectivités locales à ces projets, sur le plan financier (notamment via les fonciers) mais aussi en termes de communication. Il a aussi été souligné le rôle que joue l’habitat coopératif pour bâtir des villes durables, au-travers d’une meilleure prise en compte du temps long notamment par les projets. Ces projets peuvent aussi être porteurs de mixité sociale dans les quartiers ou encore faciliter les parcours résidentiels, pour les jeunes mais aussi pour les personnes vieillissantes. Comment montrer les coûts évités par l’habitat coopératif et montrer ce qu’il apporte plus largement aux quartiers et à la société ?

Au final, pour reprendre l’expression de Lionel Pancrazio, l’habitat coopératif rend les gens « heureux » notamment par leur contribution à un projet, et permet de sortir de la dichotomie entre le collectif et l’individuel.

Pour Espacité, c’était un plaisir d’animer cette table ronde qui s’inscrivait au cœur des travaux que nous menons sur les nouvelles formes d’habitat et le logement abordable : une occasion d’échanges riches avec les futurs habitants et les structures qui les accompagnent !

Géraldine Chalencon

Directrice opérationnelle

Géraldine Chalencon