Le renouvellement urbain, levier pour des territoires résilients

Publié le 25 janvier 2023

Le 12 septembre dernier, Olivier Klein, ministre chargé de la Ville et du Logement, lançait la démarche « Quartiers résilients » par les mots suivants : « La ville de demain sera résiliente ou bien elle ne durera pas. Il n’y aura pas d’ambition urbaine sans ambition environnementale. Face au changement climatique, nous avons les leviers, actionnons-les. ». En pratique, cette nouvelle démarche portée par l’ANRU, en lien étroit avec ses partenaires (Action Logement, l’USH, la CDC, l’ANCT, l’ADEME, l’ANAH, …) et le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, se compose de deux volets. Un premier, transversal, s’adressera à l’ensemble des 453 quartiers relevant du NPNRU et proposera un dispositif d’accompagnement et d’animation. Le second axe proposera un accompagnement renforcé à 50 quartiers pilotes, sélectionnés début 2023 au regard de leur niveau de vulnérabilité ; ceux-ci bénéficieront alors de missions d’appui territorialisées et de financements complémentaires apportés par l’ANRU à hauteur de 100M€.

Au-delà de ce cadre pratique, les premiers éclairages sur la « philosophie » de cette nouvelle démarche montrent – en écho aux mots du Ministre – un ancrage environnemental fort avec des appels à de nouvelles solutions vertueuses en matière d’énergie, de végétalisation, des récupérations des eaux usées, ou encore de mobilités douces. Cette inclinaison vient répondre aux nombreux signaux d’alerte tirés en 2022 quant à l’impact de la crise climatique sur les quartiers en politique de la ville et leurs habitants (1) et qui imposent aux politiques publiques et à leurs acteurs une double exigence d’efficacité environnementale, mais aussi de justice sociale.

Par ailleurs, malgré l’urgence à agir sur ce volet, il nous semble important d’envisager la résilience dans la totalité de ses aspects, environnemental certes, mais aussi économique, sociale, démographique, etc. Ce sont en effet, la combinaison des différents leviers qui, selon nous, permettra d’imaginer des quartiers, des villes voire des territoires, plus durables, plus sobres, plus équilibrés et plus inclusifs. Ainsi, un territoire qui serait vertueux sur le plan environnemental sans accompagner ses habitants dans leurs pratiques des aménagements ne pourrait se vanter d’une parfaite résilience dans la mesure où les impacts sociaux et économiques des efforts consentis s’en verraient réduits. Autrement, quand bien même un projet de renouvellement urbain a permis une notable remise en état d’un quartier, améliorant notablement le cadre de vie de ses habitants, un manque d’actions conjointes sur les volets économiques et sociaux limite indéniablement les effets réels sur la qualité de vie. Or, dans leur définition, les projets et politiques de renouvellement urbain, visant à « reconstruire la ville sur la ville », portent bien cette approche multithématique.

En outre, de la même façon que la résilience doit être abordée de la manière la plus large possible, il nous semble important que la prise de position de l’ANRU essaime et que le concept prenne plus d’importance dans tous types de territoires (territoires en décroissance, centres bourgs relevant des programmes Action Cœur de Ville et Petites Villes de demain, ou même grandes métropoles amenées à se réinventer), à travers les politiques nationales et locales. En effet, les ménages fragiles au regard des conséquences de la crise climatique, mais aussi économique, demandent toute notre attention, quel que soit le territoire où ils vivent.

Aussi, en 2023, nous envisagerons nos interventions dans les territoires en renouvellement sous cet angle, celui de la conciliation des urgences sociales, environnementales et économiques au service des habitants.

 

(1) A titre d’illustration, une étude Harris Interactive menée pour l’ANRU a montré que les habitants des quartiers sont plus exposés aux aléas climatiques et énergétiques. Par exemple :

  • 72% des habitants des QPV redoutent l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur leur capacité à se chauffer contre 65% de la population à l’échelle nationale ;
  • 7 habitants des QPV sur 10 indiquent avoir été confrontés à des températures trop élevées pendant l’été, contre 56% au niveau national.

NB : Etude réalisée en ligne du 31 août au 5 septembre 2022 auprès d’un échantillon de 1005 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et d’un échantillon de 702 personnes représentatif des personnes âgées de 18 ans et plus résidant en quartier prioritaire de la politique de la ville.

Emilie Belval-Lavillonnière

Directrice générale déléguée

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Guillaume Pavageau

Directeur opérationnel

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