Le rapport au logement des jeunes NEET vulnérables en insertion professionnelle en France

Entretien avec Marie W-Q, portant sur sa thèse dans le cadre d’un contrat CIFR.

Publié le 18 mai 2021

Marie Wagret-Quatromme a rejoint Espacité en mars 2021. Titulaire d’un Master de recherche en sciences sociales (obtenu à l’EHESS et l’ENS), elle démarre, dans le cadre d’un contrat CIFRE, une thèse intitulée Le rapport au logement des jeunes NEET vulnérables en insertion professionnelle en France.
Les contrats CIFRE (Convention industrielle de formation par la recherche) permettent aux entreprises de recruter des doctorants, qui effectuent leur travail de recherche pendant les 3 ans de la durée du contrat. Ce recrutement s’inscrit dans la volonté d’Espacité de consolider ses liens avec le monde de la recherche et de contribuer par là au développement de la connaissance dans ses champs d’intervention.

Pourquoi avoir choisi de réaliser ta thèse dans le cadre d’un contrat CIFRE ?

Dans le cadre de mon master 2 en sociologie et anthropologie, j’ai réalisé un mémoire sur le retour des jeunes adultes dans leur ville d’origine, une ville moyenne en déclin démographique. Dans ce cadre, je me suis intéressée à la question de la décroissance urbaine – sous l’angle des ressources issues de l’appartenance géographique et sociale au territoire d’origine. En parallèle, pendant ma formation, j’ai eu l’opportunité de travailler sur l’habitat au sens large, sur la réhabilitation de quartier, l’hébergement saisonnier ou encore en participant à une étude de l’INED sur la vie de quartier en tant qu’enquêtrice de terrain. De là est née l’envie de faire le lien entre recherche et action publique et le projet de travailler un sujet au croisement de la sociologie de la jeunesse et des politiques publiques, en m’intéressant aux situations et aux parcours résidentiels des jeunes NEET (Not in Education, Employment or Training). A titre personnel, mener ce travail de recherche dans le cadre d’un contrat CIFRE était une évidence – par l’expérience concrète que je pourrai y gagner – mais aussi le gage que ma recherche serait nourrie par des retours opérationnels et une meilleure connaissance des leviers de l’action publique, ce qui la rendrait plus pertinente.

Peux-tu nous en dire plus sur ton sujet de thèse ?

La catégorie de jeunes dits « NEET » regroupe des jeunes (16-25 ans) très différents qui ont en commun un parcours d’insertion difficile et peu de ressources familiales, sociales et éducatives. Ils cumulent vis-à-vis de l’emploi et du logement beaucoup de difficultés et sont en situation précaire.
La question du logement des jeunes est souvent traitée au travers du prisme « logement étudiant » dans les politiques publiques ; or les jeunes NEET peuvent connaître des situations résidentielles instables et difficiles qui sont des freins importants à leur insertion professionnelle. Pour autant, le logement est une dimension encore peu prise en compte par les politiques publiques qui s’adressent aux jeunes vulnérables. Ainsi, mieux connaître les besoins, les aspirations, les difficultés de ces jeunes peut fournir des éléments et des pistes de réflexion pour de futures actions publiques.

Comment les approches du conseil et de la recherche peuvent-elles se nourrir ?

Travailler comme chargée de mission chez Espacité me permet de gagner en expertise sur les politiques du logement et de l’habitat en général et d’investir dans mon travail de recherche de compétences que je n’ai pas acquises lors de mon cursus académique – en analyse des politiques publiques, par exemple.
Dans l’autre sens, mon travail a vocation à enrichir les connaissances sur la thématique du logement des jeunes les plus fragiles. Cette connaissance et les données analysées pourront être utiles, je l’espère, dans le cadre de missions – et donc dans la déclinaison ou la mise en œuvre de politiques publiques.